Dominique Esteve : La Passion du design

DJ, animateur de radio et de discothèque, patron de bars musicaux, marchand de fripes, décorateur… Dominique Esteve - alias Dom - a fait plusieurs métiers dans sa vie. Mais dès que ses activités le lui permettent, il chine. 

Parcours d’un éternel chineur devenu spécialiste du design.

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Undesignable Aauthentik

« Puces, brocantes, dépôt-vente : j'ai démarré très tôt dans la brocante, raconte Dominique Esteve. C'était vraiment ma passion. Je ne peux pas dire ce qui a fait le déclic. J'ai toujours aimé les choses un petit peu bizarres, le space age. Et je trouvais dommage de mettre au rebut des choses intéressantes qui pouvaient être réutilisées ». 

À la charnière des années 1980-1990, il ouvre « « le Blitz », un magasin de fripes européennes et américaines » à Nancy. Il y propose déjà quelques lampes et petits meubles des années 1960-1970.

« J'ai eu des pièces superbes entre les mains… Évidemment je les ai revendues pas très cher : elles étaient peu recherchées à l’époque et des gens rigolaient que l'on s’intéresse à ces ovnis ! Quand je vois maintenant les prix que les éditions rares peuvent atteindre ! »

Mise en scène

Dom ouvre ensuite deux bars musicaux. « J’ai laissé tomber le côté brocante, design et vintage… Mais j'ai quand même continué à chiner » nuance-t-il très vite.
Certaines de ses trouvailles vintages équipent d’ailleurs les établissements qu’il dirige. Mais de son propre aveu, il entasse beaucoup. « Quand j'ai vendu, il a fallu que je débarrasse un grand sous-sol qui en était rempli ! »

Le chineur replonge ainsi de plus belle. « Depuis 2006, j'y suis vraiment à fond. »
Une activité qu’il partage avec son épouse Isabelle : « Je m’intéresse surtout au mobilier. Isabelle est sensible aux matières. Elle apporte sa touche féminine, plus délicate avec des pièces décoratives, des céramiques. »

La singularité de ses établissements et leur déco colorée ont laissé des souvenirs. Aussi, à peine a-t-il raccroché qu’un confrère lui demande de relooker son bar. Le couple se lancent donc également sur ce créneau. Brasseurs et autres fournisseurs relaient l’info et de nouveaux projets s’enchaînent dans la région.

Un passé recomposé 

« De l’implantation du bar à l’éclairage ou la déco, Isabelle et moi avons toujours tout fait de A à Z. On faisait des choses originales, un mélange comme on voit beaucoup maintenant où se côtoient par exemple un canapé un peu rococo au bois repeint et couvert d’un tissu sympa, des fauteuils crapauds et une table des années 1970 au plateau de marbre. Pas des pièces de grands créateurs du XXe : il aurait été dommage de mettre des meubles qui risquent d’être abîmés. »

Pendant des années, Dominique Esteve orchestre aussi avec bonheur le bar éphémère du festival Nancy Jazz Pulsation. Et il l’orne bien sûr « avec du mobilier disparate, des tentures, des tapis… » 

Des tubes métalliques au space age

La première vraie passion de ce marchand fasciné par « l’inventivité des designers, belles matières, les nouvelles formes » sont les années 1930. Et plus particulièrement les créations de designers comme Marcel Breuer qui ont travaillé le tube chromé ou nickelé, les meubles qui associent le métal et le bois. Des pièces que les anciens brocanteurs et antiquaires « n’auraient jamais regardé mais qui sont aujourd’hui très recherchées, précise Dom.

Pour le nancéen, Jean Prouvé demeure une figure iconique. « Quand je trouvais ses pièces, c’était super. Elles sont maintenant rares dans la région… même si tout le monde pense en avoir dans son grenier » dit-il, amusé.

Le spécialiste du design apprécie la démarche de ce créateur, soucieux de faciliter la vie de ses concitoyens dans la difficile période de l'après-guerre. Il salue au passage le travail des galeristes qui ont contribué à la reconnaissance de sa démarche. « Je trouve en revanche dommage que toute son œuvre parte en Corée, au Japon, aux États-Unis… Les Français ne sont pas prêts à mettre de tels prix sur du mobilier. »

Notre amateur apprécie les objets cinétiques comme les petits mobiles et collectionne aussi le design du XXe… en version miniature. « Certains servaient à promouvoir les créations d’une marque, d’autres sont des prototypes voire des jouets qui traduisent les tendances du moment. » 

La quête de l’objet

Pour son commerce, il se focalise en revanche sur des pièces plus classiques. Il fréquente encore les brocantes et les déballages, mais s’appuie surtout sur les trouvailles de personnes avec qui il travaille depuis longtemps. « Tout le monde vous dira la même chose, le plus passionnant dans ce métier, c’est la recherche. Alors Dominique accepte de bon gré les aléas. « Parfois je fais beaucoup de kilomètres pour rien parce que ça ne correspond pas du tout à ce que je pensais. D’autres fois, c'est une bonne surprise ou une marchandise juste correcte ». 

Bien sûr, on est là pour vendre. Mais au-delà de la dimension commerciale, ce que j’aime bien dans les brocantes et déballages, c'est la rencontre avec les gens, le partage. Des nouvelles générations aux couples moins jeunes qui changent de vie… et décor, il se réjouit de ces moments précieux. Il y a les visiteurs à qui il communique son savoir… d’autres « qui lui enseignent des choses ». Et puis évidemment les confrères…

« Ce que j’aime c’est l’esprit de transmission et d’apprentissage. C’est ce que l’on essaie de faire avec Undesignable Market ». 

Dominique Esteve compte parmi les premiers fidèles de notre manifestation « Je faisais partie des 15 premiers exposants la première fois et nous fêtons la 25e! ».

Ses conseils pour chiner

Mieux vaut acheter peu, mais bien : un bel objet en parfait état plutôt que plusieurs sans grand intérêt.

Faites confiance aux commerçants. Nombre de marchands spécialisés dans le XXe sont des passionnés ! 

Méfiez-vous des fausses bonnes affaires. 

Il y a quantité d'arnaques sur les sites d’annonces entre particuliers. L’idéal c’est de voir la pièce. À défaut, il faut au minimum échanger avec le vendeur. La voix de l’interlocuteur, la façon dont il présente les choses dit déjà beaucoup de son état d'esprit.

Attentions aux achats en salle de vente, « les prix peuvent s’envoler au-dessus des prix pratiqués chez les marchands ». 

 

Contact : Dominique Esteve | Aauthentiks gallery

 

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